Le bureau politique du PCT aura comme prévu accouché d’une souris. Une indécision qui dissimule à peine l’absence de consensus autour d’un changement constitutionnel – pérennisation du pouvoir Nguesso.

Se réunir pour simplement demander à la base de se saisir du débat est une manière d’ourdir ces fameux coups d’Etat constitutionnel sans véritablement poser les bases du consensus réclamé. Cependant, deux choses essentielles doivent retenir l’attention de tous les démocrates congolais: d’une part le consensus et de l’autre la voie référendaire. Dans le premier cas, le pouvoir recherche un consensus – le consensus implique une large majorité de l’opinion publique – il ne s’agit pas de faire revenir dans le jeu politique quelques anciens caciques du parti unique et prétendre que le consensus existe. Il faut pour cela réunir l’ensemble des forces vives de la nation. Pour ce qui est du référendum, il ne peut se tenir que si toutes les conditions de transparence sont réunies, et en premier lieu, celle du fichier électoral. Une révision des listes électorales avec une certification de la communauté internationale peut permettre d’avancer.

Pourquoi nous demeurons pour la modification de la Constitution – pas le changement ?

parce que 7 ans de mandats présidentiel c’est trop long, parce qu’il faut supprimer l’élection du président au suffrage universelle direct qui nous divise et qui pousse le peuple à voter sur des considérations ethniques, parce qu’il faut supprimer le Conseil supérieur de la magistrature et surtout mettre fin à la hiérarchie entre le parquet et la chancellerie qui conduit à l’instrumentalisation des poursuites judiciaires, parce qu’il faut constitutionnaliser la décentralisation, la commission électorale indépendantes. Enfin, parce qu’il faut restaurer un régime parlementaire et surtout institutionnaliser la départementalisation égalitaire du suffrage ( un département = un député).

Pourquoi ne pas attendre le prochain président pour effectuer ces changements?

parce que « tout homme qui dispose du pouvoir est amené a en abuser », rien ne prouve avec certitude que le prochain président ne voudra pas s’asseoir dans le décor de la démocratie avec une constitution quasi autoritaire. Il faut se rappeler qu’en 1962 en écrivant « le Coup d’Etat permanant », Mitterrand dénonçait la Constitution de 1958 comme une dictature constitutionnelle qu’il fallait rapidement abandonner en 1965 avec la défaite de De Gaulle – mais en 1981, lors de son élection à la tête de l’Etat, il a considéré que « cette veste n’avait pas été conçue pour lui, mais qu’il lui convenait à merveille ». Finalement, l’histoire retînt de la présidence Mitterrand que c’était la plus monarchique de toutes. Cette anecdote sur le France est très parlant, qui nous dis que le prochain président voudra sans coup férir se départir de ses nombreux avantages et prérogatives constitutionnels??? rien n’est moins sur – c’est pourquoi des changements d’ampleurs s’imposent.

Quelle position pour l’opposition ?

il me semble qu’en annonçant la recherche d’un consensus, le PCT ouvre la voie à un possible dialogue. Mais il faut dire que les précédents ( Ewo, Dolisie) ont été des simulacres de dialogue – si le pouvoir veut discuter, il faut un véritable dialogue sans remettre en cause le présent, mais tous discuter pour l’avenir.

A cet effet, deux conditions alternatives peuvent permettre l’organisation d’un tel dialogue: soit le pouvoir accepte de revenir sur le recensement avec l’établissement d’une nouvelle liste électorale fiable, avec la certification des résultats référendaires par la communauté internationale – ce qui garantira la transparence des opérations référendaires – après tout si le peuple exprime vraiment sa volonté de continuer pourquoi pas ? soit alors, l’actuel chef de l’Etat annonce clairement qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections présidentielles et invite les congolais à construire une véritable démocratie débarrassée des invectives de tous genre.

Ces deux conditions, me semble-t-il, sont de nature à permettre le dialogue et préserver notre unité nationale… déjà chancelante.

Vivien Romain MANANGOU

Initiateur du LIsanga 2016 ( www.lisanga2016.com )