Une démocratie en dents de scie

« Monsieur Aimé Emmanuel YOKA à VINDZA, l’expression d’une dérive démocratique ? »

En réponse à plusieurs courriers de nos lecteurs se plaignant de notre proportion à traiter les informations sur les élections législatives tendant à ne pas favoriser l’intégration d’une culture démocratique au sein de la société Congolaise, voici quelques éléments de réponses. Certains d’entre vous se sont offusqués de la réaction des populations de VINDZA face à la candidature de Monsieur Aimé Emmanuel YOKA dans cette circonscription. Ils jugent cette attitude anti-démocratique frisant le régionalisme et l’éthnisation des candidats. Ce qui serait, bien évidement, une erreur politique de jugement quant on aspire à la construction d’un État de droit ou les populations élisent leurs députés selon les règles démocratiques. Ces dernières ne devraient faire leur choix qu’en se basant que sur la nature, la qualité des propositions et les réflexions constructives des candidats. Mais pas sur les origines ethniques de ces derniers. Telle est la question centrale qui passionne nos lecteurs en nous interpellant de réagir en apportant notre vision sur ce qu’ils considèrent comme étant une dérive démocratique.

Avant tout reconnaissant que notre démocratie est encore à construire, les balbutiements du moment sont la preuve d’une mauvaise interprétation ou du moins une méconnaissance des règles démocratiques. Ni encore loin de nous l’idée de s’ériger en donneur de leçon de démocratie universelle.

Toutefois on peut relever quelques lacunes qui traduisent ces comportements. Surtout lorsque ces lacunes sont amplifiées par une volonté manifeste de bafouer les mêmes règles dans le seul but de conserver le pouvoir pour assouvir des appétits égoïstes. Pire encore les bourreaux d’hier qui ont sauvagement pillés, tués ou commandités des assassinats dans la région du Pool n’ont jamais été inquiétés. Beaucoup ont délaissés leurs habits sombres pour mettre ceux de bienfaiteurs volant au secours des populations abandonnées et appauvries. Plusieurs d’entre vous attendent de Monsieur Aimé Emmanuel YOKA des excuses et des justificatifs avant de l’accepter comme député dans une région qu’il aurait largement contribué à ruiner. C’est un préalable que beaucoup ont posé avant tout autre chose. Sans pardon sincère, ni réparation du préjudice, il y aura pas de réconciliation durable. Ce ne serait que prolonger la politique de duperie qui consiste à proclamer qu’on est ensemble mais dans les cœurs les rancœurs tenaces demeurent.

Dans ce contexte, tout le processus est alors biaisé dès le départ. Nous avons signalé le fait que le PCT, parti au pouvoir commettait une grosse erreur politique en s’érigeant seul le monopole d’organiser ces élections et en imposant des règles affaiblissant les autres partenaires dans le processus de construction démocratique de la société congolaise. Un pays ne peut être construit avec une poignée d’individus s’autoproclamant détenteurs de la science infuse. Certes le PCT pourrait imposer par la force et la falsification Monsieur Aimé Emmanuel YOKA comme député à VINDZA. Mais le serait-il à plein temps ou encore sereinement ? Ou simplement une nomination de façade pour faire valoir une unification à connotation variable ?

Ce n’est faute de n’avoir pas alerté les hommes politiques de notre pays de cette radicalisation dangereuse dans les choix pervers et surtout sectaires comme l’ont démontré les résultats de la concertation d’EWO. Ou encore moins de n’avoir pas sensibilisé au plus haut point les responsables du PCT qu’il était suicidaire de prendre des chemins qui ne sont en réalité que des labyrinthes sans issues.

Logiquement, un homme politique n’a pas de territoire fixe préalablement défini pour présenter sa candidature aux diverses élections. Car un député n’est pas associé à un coin régional. On n’est pas député à OYO, parce que ce sont les terres de son père, de surcroît président de la république qu’il serait fait obligation de lui succédé. Est-il prouvé que seul Christel Sassou Nguesso est capable de donner une vraie impulsion économique à la ville d’OYO et ceux parmi tous les militants du PCT ? D’autant plus son intégration au PCT est toute récente (congrès dernier) et son activisme politique au sein de ce Parti est remise en cause par les militants de premières heures. De même que la question se pose aussi pour BOUYA, CLAUDIA, HUGUES et beaucoup d’autres.

Le Rôle d’un Député quelconque est de légiférer, contrôler l’action de l’exécutif et servir de courroie de transmission entre la nation, l’état et les doléances des ressortissants de sa circonscription. Mais à aucun moment il serait le député d’une région sous l’exigence qu’il partagerait la même origine ethnique. C’est totalement absurde et nous le dénonçons. C’est une dérive qui est loin de promouvoir les idéaux d’unité et de rassemblement.

La logique qui voudrait que la candidature de Maitre Aimé Emmanuel YOKA à VINDZA suscite beaucoup d’interrogations peut s’expliquer aussi à travers plusieurs observations. Beaucoup d’entre vous se demandent pourquoi Me YOKA à VINDZA et pas MVOUMBA à OYO, puisque le député obéit aux règles du parti qui doivent être les mêmes pour tout candidat ? Combien de candidats ressortissants du sud, le PCT a-t-il aligné dans les circonscriptions du Nord ? Pourquoi Claudine MUNARI qui distribue des billets de f CFA, à MABOMBO, auprès des chefs de village serait plus apte à être députée qu’un autre candidat ? Pourquoi le PCT, l’UPADS, l’ARD, le RDPS, le MCDDI … ont-ils présentés des candidats majoritairement dans les circonscriptions dont ils sont originairement issus ? Comment s’étonner que les ressortissants de VINDZA ne se sentent pas vexés, piégés par une candidature non seulement imposée, mais qui n’a rien avoir avec leurs aspirations des populations et surtout le personnage  aurait un contentieux jusqu’alors non soldé ? C’est là tout le problème. On dit souvent chez nous « avant de jeter la pierre à l’autre, assure toi que tu n’as rien à te reprocher »

C’est peut-être une mauvaise interprétation qui associe des paramètres tribalo-politique ou peut-être c’est le fait de l’héritage culturel Bantou qui voudrait que nos candidats aux élections législatives soient les filles et fils de souches de la circonscription. Cela mérite une réflexion d’ensemble, de tous les congolais pour en proposer une démarche cohérente capable d’intégrer toutes les notions inhérentes à notre culture. La vraie démocratie n’est nullement celle qu’on copie chez le voisin, mais celle qui vient de vos propres aspirations. C’est pourquoi d’ailleurs nous faisons notre mea-culpa pour n’avoir pas trop insisté sur cet aspect qui marque une volonté d’intégration de chaque congolais dans la participation au développement de toutes les régions. Nous regrettons de n’avoir pas encouragé cette initiative qui logiquement aurait dû s’étendre sur toutes les régions du Congo. Cela va de l’intérêt de l’achèvement de la construction d’une démocratie saine. Mais toujours est-il que nous pensons, on peut peut-être aussi se tromper, que les données ont été faussées dès le départ par la volonté manifeste du PCT de ne pas respecter les mêmes règles pour tous.

Une démocratie n’est pas l’apanage d’un clan mais une construction de tous pour mettre en valeur ce qui nous unit au détriment de ce qui nous divise. Nous savons d’avance que beaucoup nous jetteront la pierre de n’avoir pas encouragé les thèses sécessionnistes, clanique, tribale ou encore régionaliste parce que nous croyons fortement que le mal congolais ne sera traité par la conscientisation de nos citoyens à ne promouvoir que l’excellence et les idées novatrices tournées vers le développement. Si chaque région trouve son élan dans la concrétisation de son plein développement économique, le Congo entier sortira grandit de ces épreuves.

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